Dans une société qui se voudrait tout numérique, on oublie que le papier nous ancre dans la réalité : lire un beau livre, écrire sur un doux papier, recevoir une lettre parfumée et la relire, sertir un cadeau d’une seconde peau fragile, conserver ses souvenirs dans un précieux écrin...Pourtant, le papier du quotidien semble terne et insipide.

Je me réapproprie ces publicités qui vomissent de nos boîtes aux lettres. Je les tords, les frappe, les froisse pour enfin les lisser dans un rapport quasi charnel effaçant ainsi la souillure de ces appels à la surconsommation. Les journaux et magazines sont à l’image d’une société qui propose toujours plus de contenus qui tournent en rond. J’élève au niveau poétique une matière résiduelle du système économique qui me permet de «Dire» mon rapport au monde. L’animal, le corps, le mouvement, la mélancolie, le cynisme, les excès de notre société sont passés aux cribles à travers mes mains qui, inexorablement refaçonne les mots qui deviennent miens.

Mes créations naissent d'une page inerte qui devient boule intense. Ayant peu d’armature en parrallèle avec la fragilité des thèmes qu’elles traitent, les formes, sont rondes denses. Elles renferment tous ces mots abandonnés comme les reliquats d’un fragment de l’histoire que l'on pourrait réinventer.

C.P.